Herbôt

Photomonteur professionnel

Manifestement influencé par les collages de Max Ernst Herbot la diversité des ses collages est fantastique R-robotic, Portrairbot, Musicones, Motorisés, Lady’s, Misembulles et la série les Gueules Cassées dans laquelle il détourne les contours anatomique, remodéle les visages qui deviennent des guelles cassées des soldatsblessés de la guerre 1914-1918
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Un article de Axel Hémery, directeur du Musée des Augustins sur Herbôt

Dans la langue liturgique du Moyen Age, la décapitation se disait la décollation. De la même manière que les représentations de décollation étaient plus symboliques et virtuelles que réelles (il faudrait toutefois demander à Jean-Baptiste d’opiner du chef pour vérifier s’il est d’accord avec cette analyse), les assemblages et collages d’Herbot ne sont pas toujours le fruit coupable de l’union contre nature du ciseau et de la colle.

Herbot alias René Apallec est l’enfant d’un art à l’âge de sa démultiplication choisie. Sa matière première est déjà un multiple. Comme un archéologue qui explore les strates de la terre, il musarde au milieu des stands des brocantes et des vide-grenier pour trouver l’image mère. Cette matrice est toujours composée d’humanité solide, intègre, totale, ce qui permettra à notre gentil herbot-vore de la mâcher et de la régurgiter tout aussi entière bien qu’elle soit brisée, éclatée, fragmentée. Ses gueules cassées appartiennent viscéralement à des hommes. Ses stars gardent toute leur aura, imprégnées de la part d’humanité commune, dont Herbot est le messager et le porte-parole. Ses footballeurs aux têtes expulsées par la triste faute d’un geste technique sont également humains trop humains.

Herbot vénère l’âge d’or de l’affiche polonaise des années soixante-dix et quatre-vingt. Il y prend une leçon d’efficacité graphique avec un rapport exceptionnel entre le texte et l’image. Il en apprécie l’humour noir ainsi que l’absurde radical renforcé par l’absence apparente de structuration des diphtongues polonaises et l’étrange obsolescence du communisme de nos enfances. Heartfield lui a appris le détournement militant de la photographie, la brutale perfection de l’image avant la prise de conscience du sens. Max Ernst et sa Semaine de bonté n’est jamais bien loin non plus. Herbot aime ainsi les perruches humaines à corps de girouettes et à têtes de perruches ornithologiques. Son monde est franchement interlop-lop. Aucun manipulateur d’image et de son de ces cent dernières années ne semble lui être étranger. Cet intérêt s’étend à des films rares car expérimentaux ou parce qu’ils ont disparu des écrans. Il défend également une certaine idée d’un cinéma français des faubourgs et des zincs blafards.

De ses origines havraises, Herbot a gardé quelques stigmates visibles même du balcon donnant sur la place intimement redondante de la ville occidentalo-méridionale où il a élu domicile. Son esprit est attiré vers le large et ancré dans un passé mythifié. Ses images préférées sont, en effet, contemporaines de la ville labyrinthique de Dubuffet et de Limbour ou de Jean-Paul Sartre en jeune agrégé de philo. Il incarne l’image gouailleuse et simple de cette ville ouvrière et maritime. Il aime profondément le football, dont le Havre Athletic Club reste le doyen en France grâce à des Anglais tombés du ferry directement sur les vertes pelouses.

Souvent, les artistes qui travaillent les images, c’est vrai aussi pour les photographes, se complaisent dans un noir et blanc esthète, fortement contrasté. Les noirs et blancs de Herbot sont découpés de belle manière mais son traitement de la couleur est particulièrement franc. En couleur, son esthétique est proche de celle de la pop anglaise des années 70. Si les cabines téléphoniques doivent être rouges et les taxis jaunes, ils le seront et la grisaille sera bien gardée. Si Herbot avait pu sévir plus tôt, il aurait inventé des pochettes de 33 tours vinyle de rock Son univers visuel est totalement imprégné du glamour sale des années 70 comme si les quatre troufions du Sergent Pepper traversaient la passage piéton sous nos yeux tous les jours.

Le parcours d’artiste d’Herbôt dessine aujourd’hui une parabole plus simple et plus souriante. Les multiples chemins empruntés conduisent vers un début de reconnaissance, d’abord par lui-même, ce qui n’est pas le plus simple puis par quelque autres. Dans ce monde saturé d’images qui ne reconnaît plus ses négatifs et peine à donner un sens à ses excroissances nouvelles, c’est déjà un début.

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