Jean Dubuffet art brut technique mixte

Assemblage collage dans l’oeuvre de Dubuffet

Tout comme sa biographie et ses hésitations initiales entre le métier d’artiste et celui de commerçant, l’œuvre de Jean Dubuffet n’est pas non plus exempt de contradictions, de refus et de changements radicaux. Ce n’est qu’en 1942 qu’il décide de se consacrer entièrement à la peinture.

Déjà avec son «Foyer de l’Art brut

Dubuffet Ailes de papillons Collage

Trois collages de Jean Dubuffet 1953

» des années 40, dans lequel il rassemblait les manifestations artistiques «brutes» d’aliénés, de peintres naïfs ou bien des griffonnages, il cherchait à mettre au profit du peintre des formes d’expression nouvelles plus authentiques, au-delà d’une «déformation» visuelle. La créativité spontanée de telles manifestations artistiques inspira à Dubuffet une nouvelle conception de l’art: «Je pense à des peintures qui soient faites d’une boue monochrome, sans variation, ni dans le ton ni dans les couleurs, ni même dans le reflet ou dans la disposition, et qui n’agiraient que par toutes sortes de signes et empreintes vivantes laissées par la main lorsqu’elle travaille la pâte» (1946). Dubuffet transforme une sorte d’enduit épais, visqueux, et de couleur insignifiante en y faisant apparaître en quelques traits des personnages et des objets. De nombreuses ouvres de Dubuffet utilise les techniques du collage. Elles utilisent des techniques mixtes de peinture à l’huile épaissie avec des matériaux comme le sable, le goudron et la paille, donnant à ses pièces une surface exceptionnellement texturisée et une consistance rugueuse.

Dans ses tableaux La route aux hommes (1944) et Le chien sur la table (1953), on retrouve l’influence directe aussi bien de l’Art brut que des reliefs que le critique Clément Greenberg désignait avec enthousiasme par «l’art des loques». Le côté naïf des objets et des personnages rappelant des marionnettes acquiert dans le tableau une signification particulière.

Dans la première toile citée, c’est la vie à la campagne qui est perçue avec le regard d’une schématisation enfantine — sur une route passant près d’une vache en train de paître dans un pré, cinq hommes isolés portant un chapeau se dirigent vers une maison et une église dans la forêt, dans Le chien sur la table, c’est l’atmosphère dite domestique, dans laquelle l’artiste dévoile une vérité frappante entre la description naïve et l’adaptation ironique. L’assemblage avec du papier impri­mé Le vieux au désert (1955) et le travail La légende des steppes (1961) annoncent déjà un changement de style.

Dans les années 50, Dubuffet utilise les lithographies et les applications à l’encre de Chine pour composer une nouvelle réalité dans le tableau avec les formes en négatif existant dans la réalité. Avec les applications directes, dont il s’est constitué une grande collection, Dubuffet revient à un langage de formes orienté vers le graphisme qui fait finalement son entrée dans la peinture à l’huile: dans la toile La légende des steppes (1961) sept personnages de différentes tailles, en partie coupés par le bord du tableau, occupent la surface. Par suite de leur construction linéaire, ils se détachent, tels des acteurs irréels, de leur contexte en couleur homogène au moyen de cellules s’imbriquant les unes dans les autres, d’une part, et par leurs couleurs dans les tons roses et bleus, d’autre part. Dans la gouache de 1961 Autobus gare Montparnasse — Porte des Lilas, Dubuffet se sert du style simple des dessins.

 

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